C'est un fait que nous distinguons entre la connaissance quantitative et la connaissance qualitative. L'analyse de cette distinction remonte à l'Antiquité. Depuis Aristote, elle semble être acceptée comme définitive. L'épistémologie réaliste du Stagirite Justine la distinction par la différence objective entre les catégories de qualité et de quantité, irréductibles l'une à l'autre. Selon cette optique, les deux modes de connaissance nous offrent deux perspectives différentes sur le monde matériel. Ces deux perspectives se complètent l'une l'autre. Il faut tout de même (...) se demander si les deux sont jugées également nécessaires pour la connaissance sensible du monde perceptible. La question est d'autant plus importante qu'on considère la connaissance sensible comme point de départ du processus intellectuel qui mène, ou doit en principe mener, à la connaissance substantielle de la réalité matérielle. (shrink)

C'est peut-être faire un faux pas que de placer une pensée d'Aristote en épigraphe à un essai sur un livre dont l'auteur est partisan de l'empirisme logique. Que les adhérents de l'École de Vienne veuillent bien excuser notre manque de tact, mais le mot du Stagirite nous semble tout indiqué pour servir de pensée liminaire au thème que nous nous proposons d'aborder.

La notion de cause fait corps avec le cadre noétique du système dans lequel elle apparaît. Elle ne peut pas être plus large ou plus profonde que le système lui-même. Qui veut comprendre le sens qu'on donne au concept de cause, doit faire une étude épistémologique du contexte dont il fait partie. Une telle analyse doit éviter de s'enfermer dans le cercle vicieux auquel l'expose le rôle tout à fait fondamental que joue la notion de cause dans la formation du (...) système. En effet l'idée qu'on se fait de la causalité exerce une influence déterminante sur l'ensemble des affirmations de base sur lesquelles repose le complexe d'explications philosophiques ou scientifiques. (shrink)